Timgad de Batna
Classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1982, Timgad, ancienne ville romaine située dans les Aurès à une trentaine de kilomètres à l'est de Batna constitue l'une des cités les plus importantes de l'histoire de la civilisation romaine du nord de l'Afrique.
Tant de suprématie, tant de gloire, tant de richesses et puis... plus rien, rien que le silence et la mort, l'Empire rayé et, là-bas, un squelette de ville parfaitement décharné que survolent les aigles surgis des montagnes proches.
En 1765, un voyageur anglais signale quelque chose...
Mais ce n'est qu'en 1880 que l'on commence à dégager l'antique Timgad des limbes de l'histoire.
La ville romaine, qui portait le nom de Thamugadi (colonia Marciana Traiana Thamugadi) dans l'Antiquité, a été fondée par l'empereur Trajan en l'an 100 et dotée du statut de colonie militaire. Il s'agit de la dernière colonie de déduction en Afrique romaine. La seule ville au monde qui peut témoigner de la perfection architectonique des romains: un damier parfait divisé en croix par le cardo et le decamanus, les deux voies principales qui lotissent la cité en quatre.
Aujourd'hui, les rues dallées sont propres, comme balayées chaque matin ; les places, les patios, les maisons semblent attendre les plombiers qui raccorderont les canalisations, les maçons qui rehausseront quelque peu les murs, les couvreurs qui replaceront les toits qu'une tornade venue de l'Aurès a sans doute dû emporter...
C'est en 100 que Trajan fit procéder à la fondation de la cité par la Troisième légion Auguste et son légat Lucius Munatius Gallus2,o 11. Les habitants de Timgad avaient donc tous la citoyenneté romaine et furent inscrits dans la tribu Papiriao 11. La colonie prit le nom decolonia Marciana Traiana Thamugadi : Marciana rappelle le nom de la sœur de Trajano 11 et Thamugadi, nom indéclinable et non latin, est vraisemblablement le nom indigène du lieuo 11. On ne sait pas cependant s'il y avait déjà une agglomération africaine sur place : la fondation romaine se déploya cependant comme si elle se trouvait en terrain vierge. Le plan initial de Timgad, quadrangulaire et géométrique atteste que cette fondation suit les principes des gromatici, les arpenteurs romains. La rigueur de la planification de l'espace urbain fit que Timgad est souvent cité comme exemple de ville romaine, il serait toutefois erroné de généraliser à partir de son cas : les plans de villes romaines avaient d'abord pour principe de s'adapter au terrain et aux contraintes du lieu, le parfait déploiement quadrangulaire de Timgad n'est pas une règle absolue, et la colonie légèrement antérieure de Cuicul présente un plan moins régulier. La forte régularité du plan initial a donc parfois conduit à penser que Timgad avait pu être un camp militaire avant d'être une ville, la fondation coloniale réutilisant le tracé des cantonnements militaires : cette hypothèse n'est pas prouvée et rien n'indique que Timgad ait pu servir de camp provisoire à la troisième légion Auguste. La fondation de Timgad prend cependant pleinement son sens lorsqu'on la replace dans l'histoire des déplacements de la légion africaine. La déduction de la colonie se trouve en effet entre la première installation d'une cohorte légionnaire à Lambèse, en 81o 11, et l'installation définitive de toute la légion vers 115-120. Si Timgad est remarquablement bien situé, il faut reconnaître au site de Lambèse une meilleure position stratégique.
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